Norvège - Sur le glacier Svartisen

 

Nous prenons un petit bateau de touriste blanc et rouge sur la route E17 pour rejoindre le chemin de randonnée situé à Litlvilka. Nous traversons le fjord sous les rayons du soleil et le chant des oiseaux qui volent au dessus de nous. Nous apercevons au loin notre objectif de la journée qui grandit à mesure que l’on s’approche de lui. C’est le deuxième plus grand glacier de Norvège, le Svartisen.

Arrivée à quai je découvre à la descente que le capitaine est accompagné par son fidèle compagnon ; un jeune chien au pelage noir abyssal qui semble vivre sa meilleure vie, assis dans la cabine à scruter les passagers monter et descendre. Il me donne l’impression de vouloir mémoriser tous les visages qu’il croisera aujourd’hui. Notre terrain de jeu pour la journée commence avec environ 3,4km de marche sur le plat avant d’entamer le dénivelé vers le glacier. Après quelques pas un détail me revient ; le capitaine était en chaussette pour assurer la conduite du bateau. Je souris bêtement tout en continuant de marcher.

La randonnée n’est pas difficile, mais nous avons le soleil de face et il commence à faire chaud. Les gouttes de sueur apparaissent et le souffle s’accélère au rythme des battements de cœur. La pente elle, nous oblige à baisser la tête pour regarder les parois lisses que nous franchissons et éviter la chute. Cette posture nous rappel que c’est avec humilité que nous allons à la rencontre de ce géant de glace. Un peu plus haut nous progressons face au vent. Des vents violents, avec des rafales allant jusqu'à 100km/h, mais rien ne peut perturber notre marche. Plus que quelques mètres avant qu'il ne se laisse découvrir au dessus de cette roche aux reflets cuivrés polie par l'eau.

Après 2h de marche on aperçoit ce que l'on appelle la "langue du glacier". Cette structure de glace gigantesque est comme posée sur la roche. Elle parait à la fois délicate et agressive. Ce géant immobile qui semble incassable change de nature à mesure que l’on s’en approche. Ce qui me frappe le plus après son immensité, c’est le bleu qu’il abrite. Un bleu profond et hypnotique, un régal pour les yeux. Il nous aspire jusqu’à lui comme une invitation à en découvrir ses moindres nuances. Nous continuons de nous en approcher tout en le contournant. Cette proximité nous laisse entendre des sons encore méconnus. Un bruit sourd, mais bien audible, dont la provenance n’est pas identifiable sur l’instant, retentit accompagné par un craquement brutal. Une seconde de silence puis le cri d'un randonneur positionné plus haut s'ajoute en écho "moooove". Un bloc de glace se détache et dévale la pente. Je me retourne et des couleurs fluos se mettent à s’agiter devant moi. Ce sont les vêtements des randonneurs qui m’entourent en train de courir dans tous les sens. Mon coeur s’accélère et je suis aussitôt le mouvement.

Je regarde autour de moi et tout le monde a eu le temps de s’éloigner. L’on entend encore un bruit continu et agité. Il s’agit d’un torrent d’eau qui s’est formé suite au décrochage du bloc de glace formant ainsi une cascade qui file entre la roche et la glace. Positionnés à bonne distance nous pouvons alors regarder ce magnifique spectacle depuis nos sièges de roches.

Assise-là, éblouie par le soleil je m’applique à prendre des photos de ce spectacle naturel qui s’offre devant nous et me surprend à faire un bond en arrière de presque 25 ans. Je me revois assise en tailleur sur la table basse de la cuisine, celle avec le plateau de carrelage blanc et les pieds en bois, adossée au mur, en train de regarder Ushauaïa Nature, la bouche grande ouverte. 


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Candice



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